chansons d’hier et d’aujourd’hui
Les titres
 1. En toute simplicité
 2. Chanson pour une maman
 3. Le marathon de la culture
 4. Ballade des trois vieux porcs
 5. Pour ou contre le nucléaire
 6. Interview de Dieu le Père
 7. Adolescence
8. Charade
 9. La grue
10. Les Tuileries (Hugo Victor, Colette Magny)
12. Chanson tzigane
15. Les Chevaux du soleil (Ellenberger-Thuillard)

Enregistrement : Studio Tube
Contrebasse : Popol Lavanchy
IMG_0510530.jpg
Chanson des trois vieux porcs
Adieux à Edipress

Nous étions trois petits cochons
Groins roses et queue en tire-bouchon
Sommes devenus ce que nous sommes
Des vieux cons agressifs des hommes

On voulait pas rester comm’ Job
Assis sur son fumier sans job
On a trouvé c’lui qui rapporte
Grâce à lui plus de porte-à-porte.

Licencier la graine de gréviste
Les types qui sont sur la liste
Les bonn’s femm’s qui tombent enceinte
Cell’s qui refus’nt notre étreinte

Ah ! si elles s’étaient laissé faire
Ces indociles ouvrières
Elles toucheraient double salaire
En f’sant des heures supplémentaires

Il paraît que c’est salissant
Au niveau de ce qu’on ressent
On dit côté sentimental
Qu’on s’entrebaise sur un étal

Et bien c’est vrai on vous l’avoue
On se délecte dans la boue
Libres, enfin, on se congratule
On est heureux entre crapules

De belles crapules haut de gamme
Qui faisons révérence aux dames
Lunettes fumées costar blazer
Le teint hâlé pour avoir l’air

L’air de quoi ben on se l’ demande
L’air de vieux cons idiots qui bandent
Quand ils ordonnent et coordonnent
Quand leurs voix tonnent et qu’ils plastronnent

Certes évidemment bien sûr
Faut être là pour les coups durs
Y faut des prédispositions
Changer parfois de positions
Savoir parler pour ne rien dire
– Voilà un beau métier d’avenir –
Intimider salir mentir
Le tout servi sans repentir

Afin d’assurer nos arrières
On se fait mettre par derrière
Aïe ! Aïe ! Mais quelle satisfaction
D’être l’enfoncé d’ la direction

Voilà pourquoi Mesdames Messieurs
Voilà pourquoi on se sent mieux
Quand on progresse par-derrière
Quand on avance en marche arrière

Pardonnez-moi bêtes à groin
Vous que l’on mange comme du foin
C’est insulter Dame Nature
Que d’ vous mêler à ces ordures


LE MARATHON DE LA CULTURE

À moi qui ne suis rien même pas le bon Dieu
Permettez je vous prie Mesdames et Messieurs
De livrer ici même ces quelques confidences
Sur un sujet brûlant d’ la plus haute importance
Éprouvant le besoin de divertissement
Je m’en fus ce soir-là au Théâtre permanent
Spectacle hallucinant d’esprit de vérité
Saisissant de recherche de la totalité
Mise en scène moderne des plus dépouillée
S’exclamait le critique dans son style ampoulé
En fait de dépouillement nous fûmes bien servis
Les acteurs étaient nus sans même un confetti
Ils pavanaient sur scène naturels et sans gêne
On aurait dit des singes c’étaient des indigènes
Et qui disaient un texte dûment recommandé
Exigeant d’être lu au deuxième degré

C’était 0.-K. c’était super ! Mais c’ que c’était chiant !

Faut pas compter sur moi pour me décourager
Le lendemain déjà je m’étais engagé
Dans les couloirs secrets d’une antique chapelle
Pour écouter parler un’ vieille demoiselle
Ça n’était pas la foule dans cette salle obscure
Nous étions fort à l’aise pour parler d’écriture
Complètement piquée des vers de poésie
Elle était la prêtresse la muse de la vie
Elle accouchait des vers dans la sobriété
Stipulait le programme dans son style éthéré
Côté sobriété nous fûmes bien servis
Car la conférencière était cuite à demi
Entre une bouffée de pipe et deux gorgées de vin
Nous crûmes deviner son projet son dessein
J’écris dit l’écrivaine à l’aide d’un forceps
La main sur la bouteille qu’elle vida tout ex

C’était 0.-K. c’était super ! Mais c’ que c’était chiant !

Nonobstant c’est humain ces quelques contre-temps
je poursuivis serein l’parcours du combattant
Et moi le béotien issu d’ l’agriculture
Je me r’trouvai devant le temple de la culture
Contrairement à mes précédentes sorties
La foule était immense s’éclairait aux bougies
Pour écouter l’idole le grand prêtre du rock
Qui pousse avec ses tripes une voix des plus rauque
Au service d’un texte au plus haut top niveau
Garantissait l’ prograrnme dans son style mégalo
À propos de niveau nous fûmes bien servis
La sono décoiffait toutes les mises en pli
Et la foule ravie acclamait son idole
Sans même avoir compris un mot de ses paroles
Il aurait pu chanter la table des logarithmes
Nous l’aurions applaudi aussi fort et en rythme

C’était 0.-K. c’était super ! Mais c’ que c’était chiant !

Plutôt que de zapper d’vant la télévision
Laquelle est entre nous une abomination
Que le spectacle vous plaise ou qu’il vous indiffère
Vous regardez quand même transformés en hamsters
Hors donc me détournant des plaisirs domestiques
J’allai au cinéma voir un film esthétique
Spectacle sans concession beau sauvage et cruel
À la limite entre réel et irréel
Images somptueuses événement historique
Annonçait la réclame dans son style hystérique
À propos d’esthétisme nous fûmes bien servis
Il y avait de quoi vous mettre en appétit
À voir un pauvre bougre barbouillé d’excrément
Tel autre vomissant du cadavre fumant
Vous comprendrez pourquoi on puisse
Plébisciter Heidi ou le cinéma suisse

C’était 0.-K. c’était super ! Mais c’ que c’était chiant !
14